LA LETTRE DES PHOTOGRAPHES



70% de notre planète sont recouverts par l’eau. Le poumon de la planète n’est pas, comme on le dit souvent la forêt Amazonienne, mais le fond des Océans. Nous devons donc protéger ce milieu dont certaines espèces animales et végétales sont encore à découvrir.
Le monde sous-marin a toujours exercé sur les hommes une attirance particulière. Entre la crainte et la curiosité, c’est souvent cette dernière qui l’emporte. Reste à franchir le pas.
L’une des solutions consiste à s’inscrire dans un club de plongée et tenter une première expérience que l’on appelle le « BAPTEME ».
Et nous voilà, en compagnie d’un moniteur, évoluant sous la surface, avec la possibilité d’y rester quelques temps, en respirant de l’air, grâce à un système un peu encombrant, mais que l’on finit par oublier au fil des minutes. Quittant une posture terrienne verticale, soumis à la pesanteur, nous nous retrouvons à la recherche d’un nouvel équilibre, et d’un nouveau mode de propulsion.
Pour peu que vous ayez croisé en chemin un crabe « enragé », un gobie et une coquille Saint-Jacques et vous voilà atteint du virus.

Pour les humains, évoluer sous la mer ne se fait pas sans résoudre quelques problèmes. Nous devons apprendre à respirer et à évoluer différemment, à respecter certains comportements, car notre organisme n’est pas celui des poissons.
De nombreuses générations de plongeurs ont étudié et expérimenté ces solutions, et le BAPTISE d’hier va rapidement acquérir aisance, connaissance et respect des consignes.
Alors s’ouvre à lui l’exploration des fonds marins. Dans un premier temps, il ne verra que le superficiel car son regard sera attiré vers toutes les directions. Après la plongée, de retour sur le bateau, il racontera ce qu’il a vu, mais écoutera aussi d’une oreille attentive, ce que les anciens, les passionnés, les photographes racontent et montrent.
L’intérêt pour cette biodiversité va grandir en lui. A force de regarder les photographies des espèces végétales ou animales et d’en entendre les noms, l’envie lui viendra de rejoindre tous ceux qui oeuvrent aujourd’hui pour mettre à jour le patrimoine sous-marin et le préserver.
Un nouveau plongeur éco-responsable est né. C’est une nouvelle « SENTINELLE BLEUE ».

Le club associatif « NARCO-CLUB », basé sur Saint-Quay-Portrieux s’est donné pour mission de réaliser « l’inventaire des espèces sous-marines de la baie de Saint-Brieuc.
C’est une tâche immense, et qui ne s’arrêtera jamais. Tant cette baie est riche.

Nous ne sommes pas des scientifiques, ni des photographes professionnels, mais nous pouvons apporter une pierre à l’édifice, car nous sommes des observateurs permanents.
Nous avons cependant limité notre rayon d’action. La plupart de nos photographies ont été réalisées sur des sites faisant partie des roches de Saint-Quay-Portrieux et du plateau des Hors.
Lorsque les conditions nous le permettent, nous explorons aussi les hauts fonds rocheux du Grand Léjon.
Pour délimiter avec précision les contours extrêmes de notre zone de recherche, nous avons délimité un triangle ayant pour sommet la baie d’Yffiniac et pour base, l’axe Ile de Bréhat/Cap Fréhel.
La zone orientale de la baie de Saint-Brieuc présente quelques promontoires rocheux (Cap Fréhel, Cap d’Erquy) alors qu’à l’ouest les falaises dominant la baie sont parmi les plus élevées du littoral Breton. Elles atteignent plus de 100 mètres à la pointe de Plouha.
Les fonds sous-marins présentent une pente faible, avec des multiples reliefs pouvant atteindre 20 mètres de hauteur. Ces reliefs sont soit rocheux (roches de Saint-Quay-Portrieux, Plateau des Jaunes, du Grand Léjon et du Grand Pourier) ou sableux (bancs de la Horaine).
Entre ces récifs, on trouve des dépressions ou des cuvettes. Les zones les plus profondes atteignent 35 mètres sous le niveau des plus basses mers de vives-eaux.

L’exploration des différents endroits de plongée nous oblige à utiliser un navire à déplacement rapide, car la plupart de nos sites se situent à plus de dix kilomètres du Port de Saint-Portrieux. Ces distances s’expliquent en partie par le fait que nous ne pouvons réaliser des trajectoires directes, « à vol d’oiseau ». Nombreux sont les écueils qu’il faut contourner, et les plaisanciers comme les professionnels qui naviguent aux alentours des plateaux rocheux, n’ignorent pas que sur un même lieu, le paysage en surface change. Ainsi une roche visible une heure avant la Pleine Mer peut se retrouver juste à fleur d’eau au moment de la pleine Mer. Les phénomènes de marée qui rendent parfois la navigation délicate, déplacent d’énormes masses d’eau parallèlement au rivage, et entretiennent un hydrodynamisme qui agite en permanence les eaux côtières. Cette agitation a pour effet une bonne diffusion de l’oxygène et des sels minéraux, en brassant les couches d’eau.

Le plongeur lui aussi doit tenir compte des effets des marées. Les masses d’eau qui se déplacent engendrent des courants et par sécurité, il est préférable de plonger à l’étal de basse-mer ou à l’étal de pleine-mer, moment favorable où la mer se repose avant de repartir dans l’autre sens.

Une autre particularité de la marée est qu’elle nous livre à marée basse toute une zone appelée l’ESTRAN. Les pêcheurs à pied et les promeneurs connaissent cet endroit peuplé d’organismes qui supportent une alternance d’émersions et d’immersions. Ces animaux et ces algues qui vivent cette situation doivent être bien adaptés pour survivre hors de l’eau pendant le temps d’une marée, ou même plus longtemps, selon le coefficient de la marée.
Certains d’entre eux ne survivraient d’ailleurs pas s’ils étaient immergés en permanence. C’est par exemple le cas du bigorneau, qui se noierait.

Mais l’univers du plongeur ne se situe pas dans cette zone de balancement des marées que l’on nomme aussi l’étage médiolittoral. Il se situe entre la limite des plus basses-mers et une profondeur allant de moins 30 à moins 40 mètres.
Lors de sa descente, notre plongeur s’aperçoit que rapidement l’intensité lumineuse s’atténue. Dès les premiers mètres, la couleur rouge a disparu. Les animaux fixés, ainsi que les poissons, « perdent » leurs couleurs vives qui ne réapparaissent que sous la lumière des torches.
Il ya malgré tout encore suffisamment de lumière pour permettre l’existence d’une vie végétale, dominée par les forêts de laminaires.
C’est toujours un moment particulier, lorsque débutant, nous passons sous les thalles de ces grandes algues brunes. Puis vers moins 15 – moins 20 mètres, ce monde végétal relativement sombre laisse place à une faune fixée dominée par la présence de nombreuses colonies de gorgones.
Et c’est plutôt dans ces profondeurs de – 20 mètres que nos photographes et nos plongeurs « biologistes » évoluent. Au fil des années, certains endroits ont été préférés à d’autres. Le choix est toujours déterminé par la richesse du site en animaux fixés et également en faune libre.
Si certains animaux sont toujours présents tout au long de l’année, il en est d’autres qui « migrent », d’autres qui disparaissent et réapparaissent selon la saison (s’agit-il d’une durée de vie courte ? nudibranches)
Savoir observer, repérer et reconnaître les espèces animales et végétales sous-marines ne s’acquiert pas en quelques plongées. Spontanément, le plongeur débutant orientera sa recherche vers les espèces de grandes tailles, les poissons et les crustacés. Il ignore quasiment tout de cette faune fixée colorée, variée, aux formes parfois étranges, à ces mollusques minuscules, magnifiques « limaces de mer », à ces petits poissons aux yeux étranges.
C’est ici qu’interviennent la photographie et les échanges entre les plongeurs expérimentés et les débutants. La photographie est le support, mais reconnaître l’animal sur le cliché n’est pas suffisant. Il faut s’intéresser à sa biologie en des termes simples. Que mange-t-il ? Quels sont ses prédateurs? Quel est son biotope ? ( son milieu de vie spécifique) Quelles sont les interactions avec les autres animaux qui vivent près de lui ? Comment se reproduit-il ? Quelle est sa durée de vie?  Quels sont les animaux qui font partie de sa famille ?

Le plongeur va rapidement modifier sa manière de plonger. Il se rendra compte que sous les forêts de laminaires vit une faune variée.

Nous espérons donc qu’en regardant nos photographies, vous souhaiterez en savoir davantage. Pour vous aider, nous avons préparé des classeurs et numéroté les photographies, accompagnées de textes plus détaillés que ceux proposés sous les cadres.

ON PROTEGE MIEUX CE QUE L’ON CONNAIT